Difficile d’être plus inspiré que lorsqu’on découvre des modes de vie alternatifs!
Il se cache une immense dose de courage et d’initiative derrière la décision d’opter pour un quotidien plus consciencieux et intentionnel. Bien qu’il en existe de tout genre, certaines se démarquent par leur ingéniosité et leur caractère très singulier. C’est définitivement le cas des géonefs! Construites intelligemment à partir de matériaux recyclés et visant l’autosuffisance énergétique, ces maisons au design organique ont assurément piqué notre curiosité. Voici donc un portrait de la géonef dans toute sa splendeur.
Qu’est-ce qu’une géonef?
La géonef, communément appelée earthship, a été inventée par l’architecte américain Michael Reynolds. Bien qu’il ait longtemps été perçu comme un simple utopiste, on peut aujourd’hui affirmer qu’il a réformé le monde de l’architecture écologique en bâtissant, dans les années 1970, la première géonef! Le concept est le suivant: c’est une habitation solaire passive, construite à partir de matériaux recyclés comme de la terre, des cannettes, des pneus, des bouteilles… L’idée première est d’y développer une autonomie énergétique, indépendante des services publics externes, ainsi qu’une autonomie en eau et en nourriture.
Ce choix d’habitation et de mode de vie se veut très intentionnel: on souhaite se rapprocher de la nature, en minimisant le plus possible notre impact environnemental. C’est d’ailleurs ce qu’exprime Francis Denault dans l’un des épisodes de notre série La Belle Vie:
«Malheureusement [aujourd’hui], on est déconnectés de la nature, ce qui, selon moi, est une erreur, parce que beaucoup de clés se retrouvent dans la nature. [Ici], on essaie de faire nos choix le plus naturellement possible… Finalement, lorsqu’on décroit, on se rapproche plus des vraies choses de la vie, de l’humain, de la nature. C’est ça, la vie. Ce n’est pas de croitre à l’infini…»
L’énergie: comment ça fonctionne?
Dans l’objectif d’atteindre l’autonomie énergétique, les géonefs doivent être conçues de façon à réduire le plus possible leur consommation en énergie tout en assurant leur apport énergétique par des systèmes d’énergie renouvelable (étant donné qu’elles sont rarement reliées à un réseau de distribution). Le design de la géonef s’avère alors un art qui se doit d’être brillamment réalisé.
L’une des caractéristiques principales de ces habitations est certainement le principe du solaire passif. En bref, on vise à maximiser les attributs du soleil pour chauffer et éclairer la maison. Pour ce faire, la maison est orientée vers le sud avec une façade complètement vitrée alors que la façade nord est enfouie sous terre. De cette façon, on utilise la chaleur générée par le soleil pour réchauffer la maison, en évitant toute perte inutile au nord. De plus, le principe de masse thermique dans les géonefs permet d’accumuler l’énergie dans la masse du sol, ce qui crée une distribution de la chaleur en hiver et de la fraîcheur en été.
Craig Cook, l’un des propriétaires de earthship que l’on retrouve aussi dans l’un des épisodes de La Belle Vie, soutient les bienfaits de la chaleur solaire sans chauffage d’appoint grâce aux masses thermiques:
«Il peut faire jusqu’à -37 degrés certains hivers, et la température intérieure se maintient à 21 degrés […] Le soleil est notre unique source de chaleur!»
Pour le reste, les géonefs sont, en règle générale, alimentées par un système à l’énergie solaire. Bien qu’il faille avoir une utilisation plus réfléchie de sa consommation énergétique, la réalité au quotidien n’est pas si limitante: on peut même envisager des appareils à plus grand wattage tel qu’un mélangeur… Plutôt intéressant, non?
L’approvisionnement en eau de pluie
Étant donné que les géonefs ne disposent pas de systèmes de distribution d’eau, il est impératif de s’approvisionner autrement. C’est là qu’entre en premier plan l’eau de pluie, une précieuse denrée de la nature! On recueille l’eau du ciel (eau de pluie et fonte de neige) dans des citernes voulues à cet effet, généralement connectées aux gouttières du toit, que l’on conduit ensuite dans un réservoir qui alimente la maison par gravité.
Pour ce qui est de l’eau «rejetée», elle est renvoyée à un bassin extérieur qui accumule l’eau grise. Dans ce bassin sont intégrées plusieurs plantes qui ont pour vocation de filtrer l’eau (des plantes spécifiques pour bassins filtrants). Certains filtres peuvent également être intégrés à même la maison, pour créer une réutilisation circulaire de l’eau. Par exemple, on pourrait filtrer l’eau utilisée pour la vaisselle et la rediriger vers l’arrosage des plantes intérieures! Les possibilités sont multiples.
Évidemment, une attention particulière doit être portée au gaspillage de l’eau. Il faut être plus consciencieux dans sa consommation, que ce soit par la durée des douches ou par le choix du système de toilette (c’est pour cela que la grande majorité des géonefs sont équipées de toilettes sèches).
L’autosuffisance alimentaire
Il est bien sûr possible d’habiter une géonef sans pour autant viser l’autonomie complète en nourriture. Pour plusieurs, l’approvisionnement dans les marchés et commerces est encore nécessaire. Toutefois, lorsque notre maison est conçue judicieusement, la culture de plantes nourricières intérieures est bien plus envisageable. En effet, les géonefs comprennent traditionnellement des serres adjacentes, qui permettent une production de fruits et légumes à l’année. Les serres sont irriguées par l’eau grise filtrée, et la photosynthèse est assurée par la façade sud de l’habitation qui est complètement exposée au soleil. De plus, plusieurs personnes complètent leur production par l’implantation d’un potager extérieur de saison.
Tout compte fait, découvrir ce mode de vie alternatif fait émerger une réflexion très pertinente sur nos choix de vie et de consommation. On réalise rapidement, en observant le mouvement géonef, que la simplicité est un grand allié de l’art de vivre. S’harmoniser avec la nature et ses éléments déloge de l’espace et du temps dans nos vies… Ça ramène à l’essentiel: la nature et l’humain, dans tout ce qu’ils sont de plus vrai.
