À la recherche d’une vie qui s’harmonise davantage avec la nature et les éléments qui la composent, certaines personnes ont su se réinventer et innover par leur choix de mode de vie.
Alors que notre société appelle au «toujours plus», une poignée d’humain a choisi le contre-courant : une vie de simplicité, la vraie, la belle. C’est le cas de Catherine King et Wayne Adams, deux artistes qui habitent depuis plus de 20 ans sur leur île flottante, le Freedom Cove, située à Cypress Bay, au nord-est de Tofino en Colombie-Britannique. Étant donné que c’est un mode de vie qu’encore peu d’individus ont adopté, on plonge dans leur expérience pour mettre en lumière la réalité et l’arrière-scène de cette habitation alternative! Qui sait, cela vous inspirera peut-être à faire de même?
Qu’est-ce qu’une île flottante?
Habiter sur une île flottante est certainement une expérience sans pareil. C’est ce qu’a découvert Julien, alors qu’il est allé à la rencontre du couple dans le cadre de l’émission La Belle Vie. On pourrait, de prime abord, y voir une réalité quasi édénique, un rêve. Mais il faut savoir que derrière ce petit paradis sur terre (ou plutôt sur l’eau) se cachent plusieurs années de travail.
Le Freedom Cove est complètement off grid. L’île est entourée, voire enveloppée de nature. Située à 45 minutes de bateau de la ville la plus proche en Colombie-Britannique, cette habitation incite d’instinct à l’autosuffisance et à la créativité. L’île est formée de 12 plateformes et comprend une maison, cinq serres, une plateforme de danse, une galerie d’art, deux ateliers, un phare, des maisons pour les invités ainsi qu’un hangar à bois. À travers tous ces bâtiments est aménagé un fructueux jardin, ainsi que plusieurs sentiers qui permettent de circuler sur l’île, intentionnellement positionnés pour qu’on puisse y admirer la nature dans toute sa splendeur.
La construction
L’île a été construite presque exclusivement par le Catherine et Wayne. La majorité de sa construction a été réalisée à partir de matériaux recyclés. Tous les éléments de l’île ont été troqués: le couple échange des œuvres contre du matériel nécessaire à leur survie ou au développement de l’habitation.
Pour être en mesure de faire flotter tous ces bâtiments, il faut être ingénieux. Les douze plateformes flottent grâce à des panneaux de polystyrène armés, un système de blocs de plastique en PVC, et les planchers sont faits à partir de systèmes recyclés d’anciennes fermes piscicoles.
De plus, l’île a été construite de façon à être flexible. Elle peut bouger de gauche à droite, ainsi que monter et descendre, selon les courants et les marées. Elle a la capacité de bouger de 20 pieds dans toutes les directions. Des cordages sont donc tendus jusqu’au rivage, où des poids ont été ajoutés. Durant les tempêtes, il est fréquent de devoir jouer avec le système et faire des ajustements, pour s’assurer que l’île ne se détache pas.
L’approvisionnement en eau et en nourriture
Habiter sur une île flottante demande naturellement d’acquérir une autonomie en nourriture et en eau. L’eau fraîche du Freedom Cove est sourcée à partir d’un lac situé près de l’île. L’eau s’écoule par gravité dans de gros tuyaux, et se rend ensuite jusqu’à leur système. La qualité de l’eau y est très bonne, ce qui permet de ne pas devoir la filtrer, étant donné qu’elle est en constant mouvement. À savoir que cette île flottante possède même son propre chauffe-eau au propane!
Pour ce qui est des eaux usées, l’île est équipée d’un système de filtrage ultraviolet à trois compartiments. Le principe est simple : l’eau chemine dans les compartiments et les ultraviolets tuent graduellement toutes les bactéries et les virus. C’est très efficace, puisque l’eau en ressort parfaitement limpide. De cette façon, on est certain de ne rien rejeter dans l’océan qui lui serait nuisible.
La vie sur l’île flottante ne serait pas la même sans l’immense jardin qui y est cultivé. Grâce à celui-ci, ainsi qu’à la pêche de subsistance, Catherine et Wayne sont complètement autosuffisants. Ils rapporteront parfois quelques aliments de l’extérieur, mais par plaisir et non par nécessité. Pour les mois plus froids, ce sont les conserves qui les gardent bien nourris, en plus des cultures en serre et de quelques plantes nourricières résistantes aux températures plus fraîches. Pour les curieux… Il est même possible, si on prend exemple sur le couple, d’habiter sur une île flottante tout en ayant son propre vermicompostage (qui servira ensuite de fertilisant pour le jardin). Rien de moins!
Finalement, quand la faim se fait ressentir, il suffit d’aller cueillir quelques légumes, d’allumer la cuisinière au propane et voilà, le tour est joué!
Au niveau de la loi?
Est-ce légal d’habiter à temps plein sur une île flottante? C’est une question importante à se poser avant de se lancer dans le projet. Évidemment, la réponse variera selon l’endroit où vous envisagez vous installer. Il faudra faire les démarches juridiques au préalable. Dans le cas de Catherine et Wayne, il faut noter qu’à l’amorce de leur projet, la réalité était différente. Malgré tout, l’habitation est à ce jour légale. Ils doivent simplement payer des taxes à l’administration municipale et au gouvernement provincial.
Alors, si habiter sur une île flottante vous interpelle, sachez qu’il s’agit d’une belle et grande aventure qui a le potentiel de transformer votre quotidien pour le mieux. C’est un retour aux sources où l’on développe une relation symbiotique avec la nature, comme l’incarnent Catherine et Wayne. Tout est possible, il faut simplement savoir laisser-aller sa créativité!
